Pourquoi est-il si difficile de penser autrement ?
Changer de manière de penser, d’anticiper, de résoudre des problèmes ou de prendre des décisions représente un défi colossal pour beaucoup d’entre nous. Pourquoi ? Parce que notre cerveau préfère de loin les sentiers déjà tracés, ceux qu’il connaît et qu’il a empruntés maintes fois. Opter pour un chemin non éclairé, parfois non défriché, va à l’encontre de ses mécanismes naturels. Pourtant, c’est précisément là que réside le progrès, l’innovation, et même la transformation personnelle et organisationnelle.
L’ADN du changement
Dans mes rôles stratégiques en ressources humaines et en développement organisationnel, j’ai été témoin des résistances naturelles face au changement. J’ai accompagné des équipes et des dirigeants à travers des phases de transformation, où certains semblaient naviguer avec enthousiasme et facilité, tandis que d’autres éprouvaient des blocages. Intriguée, j’ai approfondi mes lectures pour comprendre pourquoi certains remettent en question le statu quo avec énergie, tandis que d’autres préfèrent s’y accrocher.
Ce que j’ai découvert a tout éclairé : apprivoiser le changement est un processus neurologique complexe. Notre cerveau, câblé pour économiser de l’énergie, préfère les automatismes et les chemins déjà connus. Ces sentiers neuronaux bien tracés sont rassurants et demandent peu d’effort. En revanche, emprunter une nouvelle voie signifie défricher, bâtir, tester… et cela demande un effort immense.
D’un point de vue scientifique, cette résistance au changement s’explique par la neuroplasticité, la capacité du cerveau à se reconfigurer. Comme l’explique la neuropsychologue Docteur Lara Boyd dans sa célèbre conférence TEDx, chaque nouvelle action ou pensée crée des connexions neuronales, mais celles-ci demandent du temps et de la répétition pour devenir stables. Le cerveau doit littéralement « tailler » de nouvelles routes, ce qui est énergétiquement coûteux et demande une forte intentionnalité.
Une invitation au courage
Changer sa manière de penser demande du courage. Mais ce courage, nous pouvons le nourrir. En nous lançant dans ces petits actes de changement, en cultivant une posture d’apprentissage, nous finissons par transformer l’effort en seconde nature. Ce n’est pas un chemin linéaire, mais c’est une aventure qui en vaut la peine.
Et si demain, nous choisissions tous d’essayer quelque chose de nouveau ? Une manière de planifier, de collaborer, de résoudre un problème, ou même simplement d’écouter différemment. Pas à pas, nous bâtirons des sentiers qui deviendront, un jour, des autoroutes pour le changement.
Alors, prêt à défricher ?
(Source : Boyd, L. « After watching this, your brain will not be the same. » TEDxVancouver, 2015.)